Le ministre de la Santé, M. François Braun avait annoncé le 3 mai 2023 que l’utilisation des e-cigs pourrait connaître prochainement une grande révolution. C’était au cours de l’émission le grand jury qu’il faisait comprendre que : « la question de prescription et de remboursement de la vape était d’actualité ». La prise d’une telle décision au parlement soulèverait la nouvelle question de savoir quel avenir serait réservé aux magasins spécialisés de la vape et aux buralistes. Quel sera l’avenir du marché de la vape ? Voici ce qu’il en est.

La e-cig reconnue comme substitut nicotinique et outil de sevrage tabagique, sera-t-elle vendue en pharmacie ?

Durant son allocution, le ministre de la Santé a déclaré sans langue de bois que les cigarettes électroniques permettaient de réduire la consommation de nicotine. Elles sont donc une alternative crédible pour tous ceux qui aimeraient décrocher de l’addiction au tabagisme. Des études réalisées par Santé Publique France dans l’hexagone appuient cette thèse. Elles concluent que le tabagisme est en baisse continue de chuter chez les jeunes de 18 à 24 ans qui se mettent à la vape pour sortir du cercle vicieux du tabac.

En se référant aux propos du ministre, les substituts nicotiniques et les cigarettes électroniques pourraient être bientôt remboursables par la sécurité sociale. Cela amène plusieurs utilisateurs à se questionner sur la disponibilité de ces produits à la pharmacie. Si d’aventure les pharmacies étaient autorisées à vendre des e-cigs, les vapoteurs y trouveraient-ils tous les modèles déjà présents sur le marché ?

Pour calmer tous les esprits, M François Braun à simplement indiquer que pour l’heure, il n’était pas possible de donner une réponse précise. Il a quand même tenu à préciser que la question était sur la table et rentrait dans le cadre du prochain plan tabac 2023-2028. Toutefois, certains spécialistes se sont déjà prononcés sur le sujet et pensent que la voie sera ouverte à la vente des e-cigs en pharmacie pour un meilleur contrôle de l’activité. Reste à savoir si la vente libre au sein des e-commerces de la vape sera toujours autorisée.

Doit-on former les pharmaciens ou laisser les e-commerces de la vape ?

Si l’on doit s’en tenir uniquement à l’avis des médecins, les cigarettes électroniques ne devraient être délivrées qu’en pharmacie. Ils argumentent leurs propos en faisant valoir la nécessité de contrôler et de réglementer le marché. On peut comprendre leur prise de position qui est fondée sur l’éthique, même si à ce jour le Code de la Santé ne prévoit pas la vente des e-cigs en pharmacie. Cependant, il y a plusieurs aspects que les acteurs du système sanitaire ne prennent pas en compte.

Tout d’abord, il est fort à parier que le remboursement et les prescriptions des e-cigs ne couvriront qu’une période donnée. Ceci étant, l’investissement en termes de coût et de temps pour la formation des pharmaciens ne pourrait être fortement rentabilisé sur la durée. Aussi, les pharmaciens nouvellement formés auront très peu d’expérience dans le domaine. Ils ne sauront pas faire une distinction réelle entre les points forts ou faibles de chaque produit. Il leur sera également difficile de prodiguer les bons conseils aux consommateurs. Ce qui n’est pas le cas avec les buralistes qui ont l’avantage d’une expérience acquise au fil des années.

Initier les pharmaciens à la vape ne ferait que pousser certaines enseignes de proximité à fermer les portes et à priver les consommateurs de prestations de haut niveau. La meilleure chose à faire, c’est de laisser les magasins spécialisés continuer leurs activités tout en contrôlant la provenance et la qualité de leurs produits.

Est-ce un scénario souhaitable pour les consommateurs ?

La vente des e-cigs à la pharmacie et l’effondrement des e-commerces de la vape n’augurent rien de bon pour les consommateurs de la cigarette électronique. En effet, les magasins spécialisés qui existent depuis bien longtemps et alliés à des collaborateurs sérieux sont plus à même de prodiguer des conseils personnalisés. Les utilisateurs de la vapoteuse sont plus en confiance lorsqu’ils échangent avec des personnes qui ont une culture approfondie dans le domaine.

Avec les buralistes, les consommateurs ont la possibilité de tester le produit et d’apprécier la convenance avant de passer à l’achat. Ce qui ne sera pas possible à la pharmacie, car cette méthode ne correspond pas à leur conduite. Chaque nouvelle gamme est une version améliorée de la précédente. Le seul problème notable est au niveau des puffs qui sont de véritables fléaux écologiques en raison de la batterie au lithium qui les compose.